S’il y a bien quelque chose qu’on a perdu avec l’industrialisation et la mondialisation, c’est la relation avec l’artisan, le producteur. Aujourd’hui, on ne sait plus vraiment d’où viennent les produits que nous consommons, et en alimentaire c’est encore pire !
C’est une des raisons pour lesquelles je me sens privilégiée, de pouvoir partager avec vous à travers ce blog, les jolies expériences qui me sont proposées pour tisser de nouveaux liens avec les produits que je mets dans mes recettes, les produits que nous mettons dans nos assiettes.
Il y a quelques mois de cela, je vous proposais une super recette de Tartine briochée à la fondue de poireaux et chips de carotte. Grâce à cette recette, j’ai gagné un concours qui m’a permis de rencontrer les producteurs des poireaux de Normandie et des carottes de la Baie du Mont-Saint-Michel. Je vais tenter de vous retranscrire tout ce que j’ai appris le plus sincèrement possible, n’hésitez pas à poser vos questions en commentaires 🙂
Elle voulait revoir sa Normandie
Quel bonheur de revenir en Normandie, pour moi l’Alsacienne s’étant exilée en Normandie 4 mois avant d’entamer une vie parisienne à 100 000 à l’heure… La Normandie est une véritable terre de légumes. C’est l’AOP Les Jardins de Normandie qui m’a permis de vous écrire ces mots aujourd’hui.
L’AOP (Association d’Organisation de Producteurs) regroupe près de 400 producteurs normands légumiers qui respectent un cahier des charges précis afin de produire des légumes de nos Terres, de qualité !
La région Normandie est la 1ère région de France à produire du poireau, des navets et de la salade d’été, et se positionne en Poulidor pour les carottes. C’est plus de 200 000 tonnes de légumes qui sont produits par an en Normandie !
En moyenne, 90% de ces légumes sont réservés à nos étals, le reste est destiné à l’export.
Pour ma part j’ai principalement découvert les origines du poireau de Normandie, donc je vais me concentrer sur ces données là.
Le Poireau de Normandie
C’est donc en excellente compagnie que j’ai tout appris sur le poireau de Normandie ! Déjà, avec mon acolyte Eva du blog Douce Addiction, puis en compagnie de Grégory Besnard – Producteur dans la Baie du Mont Saint Michel, et Patrick Groualle – Directeur de l’AOP Jardins de Normandie. Deux experts pour nous parler de leurs métiers avec une passion difficile à retransmettre dans ces écrits !
Donc revenons-en à nos moutons… eux, poireaux. La Normandie est donc la première région productrice de poireaux avec 120 producteurs qui se répartissent pas moins de 1210 Hectares pour 45 000 tonnes de poireaux par an !
Un légume roi en Normandie
Notre douce région normande possède un climat tempéré parfaitement adapté à la culture du poireau : peu d’écarts de températures (enfin, si on continue à préserver Dame Nature !), et une pluviométrie régulière.
Par ailleurs, même si on aime le consommer l’hiver, le poireau est un légume ANNUEL ! Eh oui, pas d’histoire de saisons avec lui. Pour autant, on dit que sa pleine saison s’étale de Septembre à Avril.
Ce légume résistant est reconnaissable par ses longues feuilles vert-bleu, et son tronc blanc (appelé fût) si savoureux, et son cousin c’est l’oignon ! D’où son goût un peu piquant si caractéristique, mais avec une douceur qui lui est propre notamment sur le poireau de Normandie qui est connu pour son goût légèrement sucré !
Le poireau possède un très faible apport calorique, et comme tous les bons légumes, il est riche de très bonnes choses pour notre corps : oligoéléments (cuivre, zinc, iode…), et source de calcium et magnésium.
Comment on produit le poireau ?
Comme pour tous les producteurs de l’AOP Jardins de Normandie, Grégory possède une structure familiale avec quelques salariés. Depuis quelques années, il a pu construire un bâtiment plus grand pour permettre le travail du conditionnement des poireaux.
Après avoir été récoltés, ils arrivent dans de grandes grilles et sont déposés sur un tapis roulant qui va permettre de bien dégager la terre. L’eau est utilisée dans un circuit fermé pour permettre de la réutiliser et d’en consommer moins.
Ensuite, les salariées procèdent à l’effeuillage puis au calibrage des poireaux, qui sont conditionnés selon trois tailles. Même si le métier n’est pas des plus simples, elles nous ont indiqué qu’elles appréciaient pouvoir travailler à l’abri de la météo, dans un bâtiment en toute tranquillité, à quelques pas du Mont Saint Michel qui trône fièrement en fond de paysage.
Les feuilles qui ont été retirées des poireaux sont ensuite réutilisées comme engrais naturel pour la terre.
Selon lui, un beau poireau de Normandie possède une démarcation nette entre le blanc et le vert, à son fût bien droit, à un joli feuillage bleu-vert qui se répartissent sur environ 23 cm. Il travaille aussi l’espacement entre les semis afin de ne pas avoir des poireaux trop gros ou trop fins, pour correspondre au mieux aux envies des consommateurs.
Comme toute personne travaillant la terre, Grégory nous explique les aléas qui peuvent survenir dans ce genre de métiers, ainsi que les difficultés à parfois suivre les contraintes de l’offre et de la demande. Ce qui est sûr, c’est qu’il s’agit d’un métier qu’on ne peut exercer sans passion !
Grégory cultive également des carottes mais cette année la récolte s’est terminée très tôt ! Ainsi nous n’avons pas pu assister au travail de conditionnement de ces belles rousses.
En cuisine avec le poireau
Dans le poireau, on mange TOUT !
Comment cuisiner le vert de poireau ?
- En bouillon en remplacement de l’oignon
- En soupe
- Dans une quiche
- En tempura (pour l’apéro, c’est une tuerie)
- Et une super recette de pâtes farcies aux verts de poireaux chez mon amie Eva
Et avec le blanc ?
En fondue de poireaux, braisé, en quiche, à la vapeur… Tout est possible.
Et la racine ?
La racine, bien nettoyée au préalable, peut être passée en friture !
Je vous propose de retrouver toutes mes recettes pour vous donner des idées !
- Tartine briochée à la fondue de poireaux, carottes au cumin, châtaignes et mâche
- Soupe Vichyssoise (pommes de terre et poireaux)
- Fondue de poireaux vegan
- Mini quiches sans pâte, poireaux et épinards
- Raviolis grillés aux poireaux et velouté de petits pois (pâtes fraîches au pavot)
- Fondue de poireaux en tartine gratinée
- Minestrone (soupe italienne aux légumes)
Et 2 recettes spécifiquement imaginées avec le poireau de Normandie (abonnez-vous à la newsletter pour ne rien louper !) :
- Soupe gratinée aux poireaux, comme une soupe à l’oignon
- Tarte fine aux poireaux, pommes de terre et miel
Bon, j’espère qu’avec toutes ces explications, vous allez désormais faire attention à l’origine des légumes que vous achetez, et surtout si vous avez des producteurs pas loin de chez vous : allez à leur rencontre ! Sur les marchés parfois, dans des AMAP… Reconstruisons ce lien perdu !Et mettons-nous en cuisine 🙂
Et un merci tout particulier à Mathilde qui a rendu ce voyage possible et surtout exceptionnel 🙂